Parmi les nombreux sujets de frictions entre Washington et Pékin, celui concernant la mer de Chine méridionale vient de prendre une tournure particulièrement dangereuse. La tenue, la semaine dernière, d'exercices militaires par la Chine dans les eaux les plus disputées au monde a suscité un regain de tensions entre les deux superpuissances.
Le point d'orgue remonte à mercredi, lorsque l'Armée populaire de libération (APL) a tiré quatre missiles balistiques de moyenne portée atterrissant entre l'île chinoise de Hainan et les îles Paracels, revendiquées par le Vietnam.
« Un signal évident envoyé aux Etats-Unis »
Selon Washington, Pékin a testé un missile anti-navires DF-21D (construit pour menacer les porte-avions américains) et plusieurs DF-26B, des missiles connus sous le nom de « Guam Express » pour être capables d'atteindre cette base américaine du Pacifique.
« C'est un signal évident envoyé aux Etats-Unis visant à laisser croire qu'ils sont capables de couler un porte-avions ou un gros destroyer, explique Mathieu Duchatel, directeur du programme Asie de l'Institut Montaigne. Par contre, nous n'avons pas encore d'indication sur la fiabilité du guidage des missiles et leur capacité à ajuster leur trajectoire en phase descendante pour atteindre une cible mouvante. »
Revendications de souveraineté contestées
Les missiles ont été lancés non loin de là où la marine américaine a mené des exercices ces dernières semaines pour appuyer la décision de l'administration Trump, mi-juillet, de contester les revendications de souveraineté de Pékin sur une grande partie de la mer de Chine du Sud. « Cette décision a marqué un tournant, poursuit Mathieu Duchatel. Les Etats-Unis s'alignent sur l'arbitrage international de 2016, ouvrant un espace à des pays comme le Vietnam pour prendre la voie du droit international, ou la Malaisie et les Philippines, pour une approche plus dure envers la Chine. »

Ces lancements de missiles ont fait suite à une plainte de Pékin dénonçant l'entrée, mardi, d'un avion espion américain U2 dans une zone d'exclusion aérienne, lors d'un exercice à tir réel de l'armée chinoise dans le nord du pays. Un acte qualifié de « provocation » par le ministère de la Défense chinois.
Un nouvel incident est survenu jeudi lorsque Pékin a chassé un destroyer américain des eaux de l'archipel des Paracels. Washington, qui envoie de plus en plus régulièrement dans la région des navires de guerre, a justifié l'opération par la volonté de « s'assurer que les voies de navigation cruciales dans la zone restent libres et ouvertes ».
Sanctions économiques
A cette pression militaire s'est ajoutée une pression économique, avec l'inscription sur la liste noire du département américain du Commerce de 24 entreprises d'Etat chinoises accusées de contribuer à la militarisation d'îlots en mer de Chine méridionale. Parmi elles, figurent plusieurs filiales de China Communications Construction Company (CCCC), qui est également un acteur de premier plan des Nouvelles routes de la soie.
Si des entreprises chinoises ont déjà été sanctionnées pour leur rôle présumé dans la persécution des Ouïghours au Xinjiang, c'est la première fois que les Etats-Unis imposent des sanctions économiques pour des actions en mer de Chine méridionale.
August 29, 2020 at 04:11PM
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Missiles, avions-espions : escalade dangereuse entre Pékin et Washington en mer de Chine - Les Échos
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