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Le retour d’un ministère de la Mer était très attendu. Mais ses contours restent flous : avec ou sans la pêche ? Les tractations vont bon train. Qu’en disent les acteurs de la pêche bretonne ?
1 Julien Tréhorel, patron pêcheur à Erquy (22) : « On a besoin de ce ministère pour notre avenir »« Que la pêche soit intégrée dans le ministère de la Mer est une évidence pour moi. On attend un ministère comme celui-là pour une meilleure gestion des ressources car il faut aller vers une pêche durable et responsable. Et il faut un outil pour analyser les métiers de la mer, pour prendre position, par exemple, sur le dossier des Énergies Marines Renouvelables, notamment les éoliennes offshore. Sur ce sujet, on voit bien qu’on parle à la fois d’écologie et d’économie. Et il faut une prise en compte de la pêche artisanale et des zones de pêches qui sont les nôtres avant de décider d’une implantation. Un ministère comme celui-là doit faire travailler l’ensemble des parties prenantes de tels dossiers. Aussi, il doit réunir largement car la pêche fait vivre énormément de monde. Par ailleurs, on a besoin du soutien d’un ministère pour notre avenir. Moi, je viens d’investir dans un deuxième bateau qui arrive en octobre et je connais un certain nombre d’armateurs qui réinvestissent dans de nouvelles flottilles. Comme quoi, tout ne va pas mal mais il va falloir prendre soin de nous car les montants d’investissements engagés dans notre métier sont importants. Et pour ça, il faut qu’un ministère nous défende pour obtenir des aides et pour qu’on soit entendu. »
2Yannick Hémeury, président de l’Association de soutien aux pêcheurs du Trégor-Goëlo (*) : « On voit la reconnaissance de nos métiers »« Il était temps ! », lâche, enthousiaste, l’ancien marin de Loguivy. « J’ai connu le premier ministère avec Louis Le Pensec, en 1981. Il faut dire que j’ai commencé à naviguer en 1979. Je me rappelle aussi de l’inauguration du port de Saint-Quay-Portrieux, il y a trente ans, avec Jacques Mellick. Sans être clairement nostalgique, on voit, avec le retour de ce ministère, la reconnaissance de nos métiers. Même si, au-delà de la pêche, il doit englober des sujets plus larges comme l’offshore, l’hydrolien, le réchauffement climatique… ».
Quid d’y englober la filière pêche ? « Pourquoi pas, on verra ce que décideront les instances. Mais je trouvais cohérent que l’on soit rattaché à l’Agriculture, surtout ici dans le Goëlo. Après tout, on est aussi des producteurs. Tout ça est très lié : dans une même famille on peut avoir des pêcheurs, des ostréiculteurs, des agriculteurs. Les enjeux du futur passeront aussi par le développement de l’aquaculture, par exemple. Un ministère de la mer a vraiment toute sa place dans toutes ses dimensions, avec des enjeux dans l’emploi et les écosystèmes ».
* Yannick Hémeury est également coprésident de la commission mer et littoral du pays de Guingamp et membre du comité régional des pêches.3 Julien Le Brun, Lesconilois (29) à la tête d’un armement de six bateaux : « Il y a beaucoup de chantiers à mettre en œuvre dans notre domaine »
« C’est à ces décisions qu’on voit l’importance que revêt la pêche en France, vue d’en haut. C’est ridicule à leurs yeux, sans doute. Un ministère de la Mer existait pour la pêche avant et maintenant, ils le pensent davantage pour les aires marines, les champs éoliens, etc. On se rend compte que la pêche est, une fois de plus, mise de côté. Pourtant, il est important de rester très vigilant par rapport au Brexit, par exemple. De plus, il faut penser au renouvellement de la flotte, trouver un meilleur système pour l’apprentissage, etc. Il y a beaucoup de chantiers à mettre en œuvre dans notre domaine ».
« De notre côté, nous essayons de nous adapter, mais il y a encore du travail à faire au niveau des instances gouvernementales. Nous avons bien vu l’impact de la crise sanitaire. Nous avons eu de la chance, au niveau de la pêche côtière, car nous avons pu sortir en mer pendant le confinement. Il y avait de la langoustine et les cours étaient bons. Mais c’est loin d’être le cas pour tout le monde ».
4 Olivier Le Nezet, président du comité des pêches de Bretagne et président de Breizhmer : « J’espère qu’il ne s’agira pas d’une coquille vide »
« Ce que l’on espère avant tout, c’est que le ministère de la Mer regroupe l’ensemble des activités maritimes, qu’il s’agisse aussi bien de la pêche, que de la pisciculture, de la marine marchande ou des mareyeurs, entre autres, ainsi que l’ensemble des administrations concernées. Très honnêtement, ce dont on a besoin, surtout à la veille du Brexit, c’est d’un ministère capable de relever des défis sociaux, environnementaux et humains. Il est donc indispensable que ce ministère ne soit pas une coquille vide ».
« La plus grosse crainte des pêcheurs, c’est qu’ils ne soient pas pris en compte. Il n’y aurait rien de pire. Nous sommes les paysans de la mer, nous avons donc besoin d’être soutenus, et pour cela, il faut à tout prix que ce ministère soit inclusif et non exclusif ».
« Un ministre de la mer, c’est d’abord quelqu’un qui doit connaître le monde maritime. Étant originaire de Saint-Malo, les connaissances, Annick Girardin les a. De plus, elle connaît très bien Saint-Pierre-et-Miquelon, cela ne peut que faire le lien avec les 97 % de nos eaux qui sont en dehors de la métropole. Et c’est une femme, alors je suis d’autant plus satisfait. Maintenant, il faut qu’elle ait tous les portefeuilles en sa possession pour agir au mieux ».
July 11, 2020 at 11:10AM
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Un ministère de la Mer sans la pêche ? - Le Télégramme
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