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Wednesday, July 1, 2020

Pourquoi il faut recréer le ministère de la Mer - Le Télégramme

sebelumselamanya.blogspot.com

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À l’occasion du remaniement, revient en force l’idée de disposer à nouveau d’un ministère centralisant les responsabilités sur les affaires maritimes. Il répondrait à l’objectif « d’accélération de notre stratégie maritime » évoqué par Emmanuel Macron le 14 juin.

1 Une nouvelle ambition politique pour les affaires maritimes

Tout à sa volonté de « reconstruire une économie forte, écologique, souveraine et solidaire », Emmanuel Macron a précisé le 14 juin, que cela inclurait une « accélération de la stratégie maritime ». Une conviction du locataire de l’Élysée qui s’est forgée une première fois, le 3 décembre dernier, avec un long discours prononcé lors des Assises de l’économie maritime. « Le XXIe siècle sera maritime, y avait-il déclaré. C’est par la mer que nous aurons à repenser notre alimentation, mais aussi les équilibres de notre planète ». Une place centrale accordée aux enjeux maritimes donc, qui donne une forte légitimité à recréer un ministère de la Mer.

Le dernier secrétaire d’État à la Mer date de 2002. À partir de mai 2017, les affaires maritimes ne sont même plus mentionnées dans les attributions de Nicolas Hulot comme plus tard d’Élisabeth Borne. « Il faut un grand ministère qui pilote tout ce qui concerne la pêche, le transport maritime, les énergies marines et la préservation de la biodiversité, affirme Alain Cadec, ex-président LR de la commission Pêche au Parlement européen. Je ne suis pas dans le camp d’Emmanuel Macron mais je saluerais qu’il prenne une telle initiative ».

2 Une personnalité pour porter une vision politique d’ensemble en faveur de la mer

Le meilleur argument en faveur d’un ministère de la Mer reste l’éparpillement des structures administratives : le Secrétariat général de la mer, les directions du ministère de la Transition écologique, celles du ministère de l’Agriculture… sans oublier le ministère des Outre-Mer. Placer ces entités sous une tutelle unique permettrait assurément un pilotage plus efficace. Elle serait aussi plus écoutée à Bercy.

Alors qu’Emmanuel Macron s’apprête à remanier le gouvernement en super-ministères, il pourrait décider d’en faire émerger un chargé de défendre la priorité maritime… y compris sa dimension ultramarine qui représente la plus grande part des 11 millions de km2 de Zone économique exclusive française. Frédéric Moncany de Saint-Aignan, président du cluster maritime français, reconnaît qu’il « faut un portage politique. Édouard Philippe est certes un homme de mer, mais il n’a pas que cela à faire : il faut auprès de lui une personnalité qui porte une vision d’ensemble de l’économie maritime ».

3 Doubler la valeur ajoutée économique d’ici 2030

L’OCDE a fixé l’objectif : l’économie maritime mondiale va doubler d’ici 2030. « La France doit se mettre en ordre de marche pour être en capacité d’être au rendez-vous de 2030, souligne Frédéric Moncany de Saint-Aignan, président de l’École Nationale Supérieure Maritime. La France des atouts et des acteurs pour répondre présente, mais à condition d’avoir la bonne organisation et les bons moyens ».

L' « or bleu » c’est la pêche et l’aquaculture, le transport maritime, les chantiers navals, les biotechnologies et les énergies renouvelables. Il représente en France 350 000 emplois directs et 90 milliards d’euros de revenus, hors tourisme. Demain, ce sera aussi les ressources minières découvertes aux larges des territoires ultramarins, comme les Îles Éparses que Madagascar compte récupérer.

4 Se hisser à la hauteur des enjeux du climat et de la biodiversité

Cette « voie bleue de progrès » doit s’allier avec une ambition écologique renouvelée : préserver les ressources halieutiques, mais aussi la biodiversité des écosystèmes marins et la recherche scientifique, ainsi que le développement des énergies renouvelables.

Là encore une clarification des responsabilités s’avérerait nécessaire. « L’implantation d’un parc éolien empiète sur les zones de pêche, comme c’est le cas dans la baie de Saint-Brieuc : il y a là un conflit d’usage du domaine public qui fait l’objet d’un affrontement entre des autorités aux objectifs différents, remarque Alain Cadec. Un ministère de la Mer permettrait de coordonner la politique de l’État dans toutes ces dimensions ».

5 La pêche : un enjeu qui doit être mieux défendu à Bruxelles

Un grand embarras survient quand on interroge les services du commissaire européen à la pêche et aux océans, Virginijus Sinkevicius, sur l’identité de leur interlocuteur en France. La pêche française manque aujourd’hui d’un porte-voix unique devant les instances de l’UE pour gagner les arbitrages sur les quotas, les soutiens aux ports et, en particulier depuis le Brexit, sur les zones de pêche. « Didier Guillaume est un bon ministre de l’Agriculture mais la pêche n’est qu’une dimension parmi d’autres de son ministère, se désole Alain Cadec. Il a d’autres intérêts territoriaux ou de filières à défendre. Si c’est un ministre qui n’a que la responsabilité de l’économie maritime qui était envoyé à Bruxelles, nul doute qu’il aurait plus de poids dans les négociations ».




July 01, 2020 at 03:46PM
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